Vous avez un message !
Rumeurs sur internet, précautions nécessaires
Partager : sur Facebook, sur Twitter, sur Google+.
« Vous avez un message » dit votre boîte mail ; un post sur Facebook, un twit de vos abonnés... Et, du coup, vous aussi, vous savez ce que cachent les grands médias, ce qui n’a pas été dit à la télévision. C’est ce qu’affirment vos correspondants, qui rediffusent, sans vérifier, des « informations » absolument sensationnelles ou scandaleuses. Pourtant, les outils ne manquent pas pour vérifier les faits et dégonfler les baudruches.
Le grand secret, et la révélation
Enfin, vous aussi, vous appartenez à la toute petite élite, aux happy few, ceux qui savent, qui sont initiés ! Vous saviez que Mitterrand est malade, car vous aviez lu « Le grand Secret » du Dr Gruber. Vous avez appris qui se cache derrière, derrière, derrière … ce que vous voulez, puisque cette présentation est commune à toutes les révélations. Quelques titres glanés presque au hasard : « Qui se cache derrière le projet azerbaïdjanais » ? s’interroge La Charente libre, à propos de la vente d’une maison de Cognac. « Survol de centrales nucléaires : qui se cache derrière les drones ? » questionne le Huffington Post. « Qui se cache derrière Boko Aram ? » se demande Le Monde. Sous ces interrogations formelles, vous trouvez des articles plutôt bien informés, avec suffisamment de précautions, pour que le lecteur soit satisfait des informations tout en préservant son esprit critique. Malheureusement tous les organes de presse, tous les sites internet n’ont pas cette rigueur et ces précautions...
Mais, quand vous êtes persuadé qu’on va cache tout, on vous dit rien, c’est encore plus excitant si la révélation dévoile cette vérité qui vous est cachée ! Le commun des mortels peut bien croire que les tours jumelles ont été percutées par des avions passés aux mains de terroristes, moi je sais bien que c’est un complot de la CIA... Les naïfs croient que les traînées blanches laissées par les avions à réaction sont simplement de la vapeur d’eau, comme les nuages, moi je sais bien que ce sont des produits chimiques délibérément répandus en haute altitude par diverses agences gouvernementales pour des raisons dissimulées au grand public. Moi je sais ! Peu importe que ce savoir (!) soit contredit par la plus simple observation des faits ; moi, je sais ! Les autres croient savoir.
La confiance dans notre « ami »
Sans aller à ces extrêmes, nous sommes enclins à accepter des « informations », même peu probables si elles nous viennent de nos « amis » , des amis qu’on s’est faits par notre histoire personnelle, ou des « amis » de Facebook, des « followers » de Twitter. Sur la base de cette confiance initiale, nous allons gober des couleuvres de belle taille ; par exemple, un de mes amis (un vrai) m’envoie un mail alarmant : « Censure sur la 2 ! la vidéo de cette émission n’est plus visible... » Une atteinte majeure à la liberté d’expression ! Je l’aime bien, mon copain, mais j’ai quand même vérifié. La vidéo en question était toujours accessible ; mais indigné lui aussi, il forwardait le message d’un autre ami, alors que c’était simplement un moyen de faire du buzz autour d’un personnage, tellement brimé par les médias, qu’on le voit partout.
Ce qui est le plus près de nos propres croyances
Mais nous sommes nous mêmes les premiers à nous jeter dans le panneau : nous allons accepter une « information » d’autant plus facilement qu’elle conforte nos croyances. Au contraire, nous serons tentés de rejeter une idée qui en est plus éloignée. Par exemple, comme je crois qu’ils sont « tous pourris », je vais gober sans hésiter l’histoire de la Porsche Cayenne de David Douillet payée par les pièces jaunes. L’histoire n’a aucun fondement, bien sûr. Comme je suis persuadé que les chômeurs et, particulièrement les chômeurs immigrés, sont des profiteurs, je vais accueillir, comme preuve supplémentaire de ma croyance, la fiche d’allocations familiales de Mme Jamila F. Evidemment, cette photocopie est un faux assez grossier. Si vous pensez que M. Sarkozy souffre de sa petite taille, vous allez être conforté dans votre idée par cette vidéo où l’on voit qu’on lui amène un « praticable » devant le pupitre pour qu’il puisse paraître plus grand. Pour le cas où vous l’auriez oublié, la manipulation des images se fait avec des outils informatiques très accessibles.
Ce qui fait appel à nos bons sentiments
Comme bien d’autres, vous avez rediffusé dans votre réseau de correspondants l’appel à sauver Noélie, ou Lucie, ou Amélie..., vous avez relayé la pétition pour arrêter la déforestation en Amazonie, vous vous êtes indignés parce que vous avez vu que l’Europe allait interdire les potagers privés (il y avait même un photo montrant l’intervention brutale de policiers dans un beau jardin vert). Vous étiez tombés dans les pièges.
Des outils simples pour vérifier, et se désintoxiquer
« C’est trop beau, c’est trop gros. » Dès que cette pensée vous effleure, il est temps d’aller vérifier ! Et le premier outil, c’est un site dédié à la chasse aux canulars, hoaxbuster.com. D’ailleurs, je vous invite à faire quelques exercices. Tapez dans votre moteur de recherche « Douillet pièces jaunes Porsche hoaxbuster » ou encore « Feuille d’allocations familiales trouvée dans la rue hoaxbuster ». Quelquefois, il faut prendre un peu de temps pour lire, mais les réponses seront claires.
Plusieurs organes de presse sérieux ont développé des pages spéciales : Désintox sur Libération, , les Décodeurs dans le Monde. Beaucoup de médias ont désormais leurs outils de « fact checking » à retrouver dans cet article de wikipedia.
Et aussi, fiez-vous à votre intelligence : quand vous arrivez sur un site internet, vérifiez les liens qui vous sont proposés. Vous savez bien qu’on a plus de chance de trouver des informations justes et vérifiées dans le Monde ou le Figaro que dans Closer ou Détective. Vous découvrirez ainsi que beaucoup de ces sites prétendument alternatifs vous emmènent rapidement vers des croyances sectaires... ou des groupuscules extrémistes.
Internet, une source formidable d’informations, mais qui mérite quelques précautions, par principe, si j’ose dire.
Publié le samedi 3 janvier 2015, par .