Dupont-Aignan, les maires ruraux, les Républicains, la gauche, la droite, tout le monde pleure sur les territoires abandonnés... Et de mettre en cause, le gouvernement d’aujourd’hui, qui se défausse sur le précédent, sur les précédents...
L’abandon des services publics, l’éloignement des services médicaux, le petit commerce tué par la grande distribution : je sors mon mouchoir et je pleure avec tout le monde.
Mais, comme disait l’autre - Spinoza, je crois, mais j’ai pas lu, juste entendu causer - « ni rire, ni pleurer, mais comprendre. »
En fait il ne disait pas ça exactement, en plus, il l’écrivait en latin, mais c’est à peu près ça : il critique « ceux qui préfèrent railler ou haïr les sentiments des hommes, plutôt que de les comprendre, » mais qu’importe.
Je me suis rappelé un vieux truc : « les gens votent avec leurs pieds ». Ça ne veut pas dire qu’ils votent comme des pieds – quoique, quelquefois... - Non, les gens quittent leur région, leur pays dans l’espoir de trouver ailleurs de meilleures conditions de vie. (en savoir plus sur le modèle Tiebout)
Les gens votent avec leurs pieds
Eh oui, regardons ces tableaux de population de 3 chefs-lieux de canton.
- Exemple 1
- Exemple 2
- Exemple 3
A chaque fois, tous les services publics étaient là : écoles, collèges, poste, gendarmerie... et pourtant, les habitants sont partis, leur petite ville s’est peu à peu étiolée. Plus d’enfants, plus d’écoles, collèges à faibles effectifs... On bâille à la poste, les gendarmes s’ennuient. Jusqu’à la maison de retraite qui se meurt.
Les petits commerces ont fermé les uns après les autres : les clients les ont désertés pour fréquenter les grandes surfaces, où ils trouvent plus de choix de produits, des prix plus attractifs. Oui, les clients les ont désertés : les habitants, les consommateurs, les gens du coin ! Là aussi, ils ont voté avec leurs pieds – avec leurs voitures.
Les médecins n’ont plus de patients, parce qu’il n’y a plus tellement d’habitants, et les autres vont ailleurs. Et puis, tant qu’à être malade, autant l’être avec un médecin de grande ville, un spécialiste, n’est-ce pas ?
A l’Etat, aux élus, de nous garantir des services publics ?
Les élus locaux se démènent, pour garder l’école, sans trop d’enfants, pour rouvrir la supérette-dépôt de pain- bistrot (avec de l’argent public), pour attirer des médecins (faisons une maison médicale), pour maintenir l’agence postale. Ils en appellent à l’Etat, qui les a abandonnés...
Mais non, ce sont d’abord les habitants qui les ont abandonnés, les territoires. Et si les élus ont une toute petite chance d’attirer du monde, de faire revivre leur campagne, il faudra qu’ils trouvent des idées pour donner envie...
Publié le samedi 29 décembre 2018, par .
Messages
1. Territoires abandonnés ?, 1er janvier 2019, 15:15, par Gérard Trélohan
Et si on relisait (ou on lisait ) le discours prononcé par Michel ROCARD (sans doute le dernier homme d’Etat que nous ayons eu) lors de son investiture à l’Assemblée nationale il y a un peu plus de 30 ans, le 29 juin 1988, pour reprendre goût…
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1. Territoires abandonnés ? le discours de Rocard en 1988, 1er janvier 2019, 18:49, par Paul Paboeuf
Excellente suggestion, Gérard Trélohan
Je prends la conclusion de ce discours : "Je rêve d’un pays où l’on se parle à nouveau. Je rêve de villes où les tensions soient moindres. Je rêve d’une politique où l’on soit attentif à ce qui est dit, plutôt qu’à qui le dit. Je rêve tout simplement d’un pays ambitieux dont tous les habitants redécouvrent le sens du dialogue, -pourquoi pas de la fête,- et de la liberté.
Je suis de ceux qui croient, au plus profond d’eux-mêmes, que la liberté, c’est toujours la liberté de celui qui pense autrement.
Chérir la liberté de cette manière là, c’est, autour des thèmes que je vous ai proposés, la réconciliation, la solidarité, les chemins de l’avenir, construire un nouvel espoir pour que vivent les Français et pour que vive la France."
Le discours entier est à lire ici
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