Rendez-vous avec François Hollande à Rennes
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Ambiance joyeuse dans la voiture qui m’emmène de Questembert à Rennes. Visiblement on y croit à cette victoire que la Gauche attend. Dans Rennes, je suis un peu perdu, heureusement Alain me guide jusqu’aux Halles Martenot. Presque 1 heure avant le début du meeting déjà plus de places assises et les sympathisants affluent toujours.
La chaleur est de plus en plus étouffante car les portes ont dû être fermées – elles seront ouvertes dans la soirée lorsque les opposants à l’aéroport Notre Dame des Landes … auront mal à la gorge et évacueront la place des Lices.
Les premiers rangs sont occupés par les soutiens bretons influents : Jean-Yves Le Drian, Claudie Le Breton, Edmond Hervé, Odette Herviaux très ovationnée lorsque Jean-Yves la cite, Nathalie Appéré, 1ère adjointe au maire de Rennes, Bernard Poignant, …
Les musiques africaines bien rythmées se succèdent, des images de François Hollande défilent sur l’écran géant. Vingt heures, la salle continue à se remplir tranquillement, tout le monde s’installe plus ou moins confortablement, parfois en bousculant un peu. De petits groupes papotent devant l’entrée malgré quelques perturbateurs. Il est annoncé plus de 2000 personnes, ce que confirme la presse ce matin.
« Sarkozy casse tout ce qu’il touche, le problème c’est qu’il touche à tout »
Le candidat aux Primaires, se faisant désirer, il revient au président du comité de soutien d’Ille-et-Vilaine de faire patienter l’assistance. Dure tâche du chauffeur de salle, mais mise en bouche réussie !
Clameurs qui montent du fond de la salle ; « François président ! », scandent les sympathisants et les militants. L’ambiance est bon enfant, la salle acquise. Certains se hissent sur la pointe des pieds et tentent de l’apercevoir.
François Hollande prend son temps, savoure le moment, serre des mains, embrasse.
Jean-Yves Le Drian prêche avec ferveur pour la décentralisation, la bonne, celle des transferts de compétence en opposition à la mauvaise, celle des transferts de charges sans financement. Il revient, en 3 mn, à Claudie Le Breton de conclure ces 1eres interventions, mettant les rieurs de son coté : « Sarkozy casse tout ce qu’il touche, le problème c’est qu’il touche à tout. »
« Du Président bling bling …. au Président zig zag. »
C’est ensuite sans notes que François Hollande s’est lancé dans un discours d’une heure, avec un ton parfois ironique, parfois plus solennel sur des sujets graves.
Il a commencé par le basculement du Sénat à gauche et d’abord sur le grand chelem du Morbihan. Avec un Sénat à gauche, nous pourrons aller beaucoup plus vite, beaucoup plus fort sur un certain nombre de nos réformes en particulier pour des choix de société.
Puis il a abordé tous les points du moment, à commencer par le climat actuel glauque qui voit tour à tour des proches du Président mis en examen. Une politique affiliée qui privilégie la valeur argent et donc la spéculation boursière à la valeur travail et au-delà la corruption et le financement occulte. Une politique de classe qui avant tout sert les intérêts d’une partie infime de la population. Il promet de remettre de la morale au plus haut niveau.
Il se positionne comme un futur président « normal » contre un président « anormal ». Il n’oublie pas les énergies renouvelables et pour assurer une victoire à la Gauche, il proposera un contrat de gouvernement aux « amis écologistes » au lendemain de la primaire.
Suite à sa visite au CHU de Rennes, il aborde les problèmes de l’Hôpital et de la Santé, dénonçant la suppression de postes et donc la fermeture de lits, mais aussi les déserts médicaux.
Enfin il revient sur les derniers propos méprisants de Sarkozy, opposant, comme de coutume les français les uns aux autres (enseignants et secteur privé), seule réponse au malaise des enseignants.
Avant d’arriver à ses principaux engagements il donne quelques exemples des changements de cap de Sarkozy, « … Président zigzag ».
« Jamais dans l’Histoire de la République, un gouvernement n’a, à ce point, détruit notre École »
Enchainant avec ferveur sur son sujet de prédilection, il décline sa promesse : « priorité à la jeunesse » promettant que « demain sera meilleur qu’aujourd’hui. »
Il confirme son intention de créer « 12.000 postes par an, du personnel éducatif, pas simplement des professeurs ». Et il écarte les critiques : « De bons esprits m’objectent à moi, attaché aux finances publiques, que cette politique est coûteuse. Que préfère-t-on un bouclier pour les plus riches ou un fer de lance pour la réussite de chacun ? ». Son projet est qualifié « Irresponsable ! », « irréaliste ! » par la Droite. Estimant son coût à 500 millions d’euros par an pendant cinq ans, il le compare aux 30.000 places de prisons promises par Nicolas Sarkozy devant des surveillants de prison. « Où est la démagogie ? » C’est du Victor Hugo !
Et de citer le rapport de l’OFCE qui fait des constats alarmants sur l’état de l’éducation en France tant sur le taux de scolarisation que sur les dépenses consacrées à l’enseignement. Et de surcroît, la situation s’est fortement dégradée depuis dix ans. Les suppressions de postes et la formation professionnelle des enseignants inexistante ont détérioré les conditions dans lesquelles ils travaillent. La diminution des dispositifs pédagogiques, notamment de soutien aux élèves les plus faibles, l’organisation de la carte scolaire, celle des rythmes scolaires, … ont désorganisé notre système éducatif. Il a cessé d’être un facteur de réduction des inégalités scolaires, fortement liées aux inégalités sociales et culturelles des familles,
Cœur de son programme politique, la jeunesse doit pouvoir s’intégrer plus facilement sur le marché du travail. Pour cela, François Hollande propose le « contrat de génération », solidarité entre les générations : tout employeur gardant un senior, le temps qu’il parte à la retraite à taux plein, et qui embauche un jeune de moins de 25 ans pour acquérir l’expérience du senior serait dispensé pendant trois ans de toute cotisation sociale sur les deux emplois.
Sans surprise, cet axe fédérateur de son programme, véritable hymne à la jeunesse, est fortement ovationné, par les étudiants, les enseignants, les parents, les grands parents, c’est-à-dire par tous les présents.
Durant son discours François Hollande gratifia le président sortant du titre de celui « qui a saccagé l’éducation en France. » ainsi que le Gouvernement « Jamais dans l’Histoire de la République, un gouvernement n’a, à ce point, détruit notre École ».
« A un moment, il faudra payer »
François Hollande s’est également érigé en président « ennemi de la dette » et porteur d’une réforme fiscale importante, regroupant IRPP et CSG. Certes parce qu’il y a « une saturation de lois, réformes... il faudra faire les choses avec plus de souplesse, d’intelligence, de circulaires",
Il faut regarder en face la vérité de la France d’aujourd’hui et il se prononce pour une réduction du déficit public, dès 2013. La charge de nos intérêts ne doit pas altérer toutes marges de manœuvre : « le redressement des comptes publics pour maîtriser l’endettement » .
Il aborde longuement la crise financière qui vient cet été de trouver une nouvelle intensité, bousculant les marchés, affaiblissant les banques et les Etats. En Bretagne, terre de marins, il reprend la métaphore : « On va changer le capitaine, et les bateaux et tous les marins qui vont avec ».
Puis revenant sur la règle d’or, il cogne avec humour « Ah la belle idée ! Il fallait y penser. En écrivant dans la Constitution que son successeur ne pourra plus faire ce qu’il a fait, Nicolas Sarkozy aurait là une victoire symbolique ». Et d’ajouter que le Président sortant est le premier qui se voit réclamer par les riches de payer plus d’impôt. Fortiche Sarko ! Cependant, il confirme qu’après son élection, si …., il fera voter une règle d’or, à sa façon sans la figer dans la Constitution.
Le ton redevient plus grave lorsqu’il aborde la situation d’endettement de la France et l’augmentation pour certains des impôts : « A un moment, il faudra payer »
« Permettez moi d’être votre candidat pour gagner 2012. »
François Hollande n’affiche qu’un seul objectif pour la Gauche : gagner le 6 mai 2012.
Mais attention, si la Gauche est devenue majoritaire au Sénat, cette victoire est un symbole, fort, historique, mais seulement un symbole. D’ici là, le chemin est encore long, émaillé de plein d’incidents, de rebondissements, de polémiques. Il ne faut pas sous estimer celui qui sera face à nous.
Refusant de répondre à des attaques internes, il se refuse à tenir tout propos qui pourrait être utilisé contre notre candidat (e).Il réaffirme que l’unité devra s’opérer au sein du parti : « Je n’ai aucun sentiment je n’ai aucune rancœur ».
Concluant sur les Primaires, avec une standing ovation et le son du biniou, François Hollande a insisté sur le vote de ce 1er tour :« Permettez moi d’être votre candidat pour gagner 2012. »
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Très belle soirée, hier soir à Rennes et très bon discours de François Hollande, ponctué de salves d’applaudissements
Très belle soirée car il y avait comme un renouveau de la crédibilité du PS ; comme la mise en marche d’un destin collectif ; comme un sursaut vers l’avenir pour dire non au désenchantement.
Très bon discours car audacieux et vraisemblable, réformateur et authentique, rassembleur et unificateur.
J’y ai retrouvé tout ce qui fait mon engagement, la défense des services publics, la dignité due à tous, l’éducation et un engagement fort pour notre jeunesse, la crédibilité des promesses.L’ensemble étant présenté par un candidat à l’aise avec simplicité, pédagogie et humour.
Mendès-France disait : « Gouverner, c’est choisir. ». Pour moi, le choix s’impose.
Sans préjuger du résultat, nous devons faire face à l’enjeu des Primaires et d’abord au vote du 9 octobre. Nous avons l’obligation de réussir les Primaires et de faire en sorte que nos concitoyens soient le plus nombreux possible pour que la candidate ou le candidat choisi(e) soit incontestable et renforcé(e) pour mener le combat de 2012. Quelques jours avant un premier tour décisif, vous pouvez, vous devez, appeler un parent, un ami pour le convaincre de voter ce 9 octobre
Publié le vendredi 30 septembre 2011, par .