La démission de Jacqueline Le Léap
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Notre collègue Jacqueline Le Léap a donc annoncé sa démission au conseil municipal. Mme la maire a dit qu’elle serait regrettée. On peut ne pas la croire. Et à voir les réactions de la majorité lorsque Jacqueline a exposé les raisons de sa démission, ces regrets ne sont pas partagés.
Des convictions et un grand respect de celles des autres
Jacqueline Le Léap ne lâche rien : elle a des convictions chevillées au corps et elle les défend avec courtoisie, mais fermeté. Inutile de rappeler les points de désaccord qui ont animé les débats dans notre groupe : tout le monde les connaît. Mais rendons-lui justice et reconnaissons qu’elle a fait avancer notre réflexion et notre action sur bien des sujets. Elle a été très active sur l’élaboration de l’agenda 21, tombé dirait-on aux oubliettes, de l’amélioration de la restauration scolaire, du projet « cheval territorial », de la réflexion sur le plan de circulation, sur la ZAC multi-sites pour ne citer que les plus visibles.
Mais ces convictions fortes ne l’empêchaient pas de débattre avec courtoisie et d’être à l’écoute des positions des autres. Voilà pourquoi nous, nous regrettons vraiment son choix de démissionner. Nous savons qu’elle restera engagée dans la vie citoyenne de notre commune et de notre territoire. Et c’est tant mieux.
Sa déclaration à la fin du conseil
Le mieux est sans doute de lui laisser la parole. (Pour l’ambiance, voir la vidéo des infosdupaysgallo à la fin du texte
Nous vivons une mutation sociale, économique et environnementale profonde et il y a urgence à mettre en place, y compris au niveau local, une réflexion et des actions innovantes et porteuses d’espoir pour l’avenir. Urgence aussi à prendre en compte ce qui existe déjà sur le territoire et en l’occurrence aussi sur notre commune. Et pourtant…A Questembert un Agenda 21 qui s’attache à toutes ces dimensions, a été construit lors du mandat précédent. C’est un outil opérationnel qui propose des objectifs clairs, argumentés et des actions concrètes pour aller dans le sens d’un « développement durable ». Je suis très déçue par la relégation de ce document dans un fond de tiroir sans doute…et j’espère qu’il réussira à en sortir.
Je suis également inquiète de l’incohérence entre des propos et des actes, comme le refus d’adhérer à la Charte du Bassin du Trévelo pour la protection de la biodiversité, tout en affirmant, sans honte (voir dernier bulletin municipal) qu’on s’engage activement en faveur de l’écologie ! Ce double langage et les mauvais arguments qui l’accompagnent sont tout simplement insupportables !
La prise en compte de la protection des écosystèmes est aussi urgente que la lutte contre le réchauffement climatique et en fait d’ailleurs partie intégrante. Aucun élu ne devrait l’ignorer et on ne peut pas dire d’un côté « on y va », tout en appuyant sur le frein de l’autre !
Je suis par ailleurs perplexe et parfois même outrée de constater l’appropriation facile de projets et réalisations innovantes allant dans le sens d’un développement durable, initiées par d’autres et présentées comme si elles étaient celles de la majorité : mise en place du bio dans les cantines, pédibus, cheval utilitaire, Maison de santé et bien d’autres…Il serait tellement plus honnête de dire : nous reprenons et poursuivons les initiatives engagées par nos prédécesseurs, quand elles nous paraissent judicieuses et porteuses d’avenir !
Ce langage de vérité, cette humilité qui manquent si souvent à la classe politique de quelque bord qu’elle soit, c’est aussi ce qu’attendent beaucoup de gens pour retrouver un peu de confiance à son égard et ça éviterait sans doute à certains de succomber aux sirènes du populisme…
Du côté de la« démocratie participative » mise en avant à grand renfort de communication, deux exemples parmi d’autres en montrent clairement une conception pour le moins « restrictive » : le refus d’accorder un temps de parole au public présent lors des conseils municipaux, tout comme celui d’accorder une salle municipale à une association questembertoise…Si effectivement, une certaine forme de concertation existe (une réunion par quartier en 2 ans), les commissions municipales très difficilement mises en place, se réunissent peu et bien insuffisamment pour faire vivre cette concertation et ce dialogue.
Je ne m’étendrai pas sur d’autres façons de faire, bien éloignées de ce que j’estime être un véritable esprit de concertation.
En résumé, je ne me reconnais pas dans des tactiques politiciennes mais dans des valeurs à défendre et je regrette une fois de plus le manque de vision d’avenir, difficile certes, mais indispensable pour accompagner la mutation de notre société vers un modèle plus solidaire, en gros plus respectueux de l’intérêt général, de l’humain et de son environnement.
J’aurais souhaité qu’au lieu de penser en terme de blocs politiques, au lieu de mettre seulement en avant les économies à réaliser, comme si c’était un objectif en soi, on puisse penser, discuter, échanger (y compris en conseil municipal) sur toutes sortes de sujets importants pour l’avenir de notre commune et plus globalement de notre territoire. Je pense notamment aux associations dont la réflexion et les actions innovantes aident à envisager le progrès d’une autre manière. Ce serait tellement plus constructif que de de se laisser guider en priorité par la peur de ce qu’on ne connaît pas ou mal…J’espère très sincèrement que nous évoluerons dans ce sens !
Pour l’heure, mon action municipale se réduisant la plupart du temps à constater et déplorer des orientations municipales et des façons de procéder que je ne partage pas, je présente donc ma démission du poste de conseillère municipale.
Merci à tous ceux qui m’ont fait confiance ces dernières années.
Mon engagement se poursuit dans d’autres structures qui contribuent à la dynamique de notre territoire et d’une manière qui me convient davantage.
Publié le vendredi 5 février 2016, par .