La colère, l’indignation, les ricanements...
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Face aux événements, les plus dramatiques comme les plus anodins, la palette des réactions est bien réduite : beaucoup sont « en colère, » d’autres vont s’indigner, car depuis le petit livre de Stéphane Hessel c’est aussi à la mode, d’autres, surtout sur les plateaux de télévision ou dans les studios, vont ricaner, manifester leur mépris et signifier leur propre supériorité.
Ils sont tous en colère
Les paysans sont en colère, mais aussi les motards, les taxis, les profs, les parents, les élèves, les routiers, les employés du gaz, les supporters de l’OM, ... Et du côté des journalistes, pas besoin de se fatiguer, il suffit de mettre en titre « la colère de XXX » et c’est tout. Pas besoin de distinguer entre la grogne passagère, la protection mesquine des petits avantages catégoriels et la détresse profonde de ceux que personne ne paraît entendre. Que dire de la « colère » de ces privilégiés du XVIème, protestant contre la création en lisière du bois de Boulogne d’un « centre d’hébergement d’urgence provisoire pour personnes sans abri, migrants ou non, d’une capacité de 200 personnes."
Pour d’autres, il est bien commode d’instrumentaliser la détresse et d’attiser la colère. Faut-il donner comme exemple les managers de l’agrobusiness poussant en première ligne la piétaille des petits éleveurs ? Comme disait ironiquement Bernard Rival, maire de Limerzel et président de la CECAB lors d’une crise (déjà) de la filière porcine : « Il faudra bien que les petits se battent si on veut que les plus gros s’en sortent » !
Ils sont indignés
L’appel avait été lancé par Stéphane Hessel dans un petit fascicule de 30 pages publié en octobre 2010 ; (voir ici)
L’appel à ne pas se résigner à la misère du monde et aux injustices a donné naissance à des mouvements, en particulier en Espagne (Los Indignados) mais aussi un peu partout dans le monde. Le mouvement Nuit debout s’en réclame aujourd’hui en France.
Qui se plaindrait que les jeunes – et des moins jeunes – crient leur insatisfaction, leur révolte contre la médiocrité du monde et leur désir d’utopie ?
Deux conditions cependant pour aller au-delà de la pureté gratifiante de l’indignation.
Et d’abord, vérifier la réalité de ce qui provoque l’indignation ! Par exemple, un message a provoqué une flambée de commentaires vengeurs sur internet. L’Europe allait interdire les potagers privés et une image grossièrement « photoshopée » montrait des policiers menant une intervention violente (pistolets, menottes dans le dos, enfant en pleurs !)... Une petite recherche sur la toile et vous trouviez cette information relayée par des dizaines de sites... Sauf que c’était un hoax, une fausse nouvelle, (voir ici)
Ensuite, l’engagement ! Pour reprendre les trois mots qui cadraient la réflexion de la JAC et de beaucoup d’organisations d’éducation populaire : Voir, Juger, Agir. Observer les faits, les confronter à nos valeurs, et enfin AGIR. (voir ici)
Ils ricanent : la dérision systématique
- Le Bouffon
Ce n’est évidemment pas la démarche ni l’ambition que revendiquent les animateurs ou les prétendus chroniqueurs de télé, de Cyril Hanouna à Léa Salamé en passant par les Guignols. Ils se disent humoristes, mais l’humour fonctionne sans victime. Même l’humour noir n’est pas un rire d’agression. Sans doute sont-ils plus proches de la satire, mais la satire renvoie toujours à une exigence morale, sans être moralisatrice, et elle ne manque jamais de courage politique. Ils se prennent pour les bouffons du roi, capables de dire que le roi est nu, mais ils sont trop respectueux des vrais pouvoirs. On pourrait dire qu’ils rient... avec les loups !
Ils s’en fichent...
Mais de toute façon, ils sont tous pareils, et tout se vaut ! Ce pourrait être le résumé de nombreux « commentaires » sur les réseaux sociaux. Attitude commode, aussi bien pour refuser de voir les réalités que pour refuser d’agir. Ce n’est pas avec ceux-là qu’on fera avancer le schmilblick !
Publié le samedi 7 mai 2016, par .
Messages
1. La colère, l’indignation, les ricanements..., 7 mai 2016, 14:41, par Triboulet
Mme Salamé, toujours arrogante, condescendante, et aussi au-dessus des lois ordinaires : conduite sans permis sans assurance... Faites une revue de presse du sujet
exemple dans Le Parisien
http://www.leparisien.fr/laparisien...
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2. La colère, l’indignation, les ricanements..., 3 juillet 2016, 10:49, par Triboulet
Dans l’article sur Michel Rocard dans le Monde
« La profession politique ne bénéficie plus du respect qu’on avait pour elle du temps où elle passait pour efficace, c’est-à-dire du temps du plein-emploi, avait-il confié au Monde (Le Monde 2 du 7 mars 2004). Aujourd’hui, on nous insulte, on nous veut pauvre et on nous moque. Nos rois aussi avaient leurs bouffons. Mais le bouffon du roi n’entrait pas dans la cathédrale. Aujourd’hui, les bouffons occupent la cathédrale et les hommes politiques doivent leur demander pardon. Ce qui fait que ne viendront plus que les ratés de leur profession. »
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