Les poètes ont aussi leur printemps à Questembert
La première édition du printemps des poètes à Questembert avait suscité de l’intérêt. La municipalité propose cette année une édition plus resserrée sur 2 jours samedi 16 et dimanche 17 mars, avec pour objectif de mettre la poésie dans la ville.
En vedette, si on ose dire, la Cantinamots qui animera des ateliers de poésie itinérants avec son Vélo cargo de mots.
Mais il y a aura aussi des ateliers animés par Marlène Blaise et Georges Vernat, le samedi de 15h30 à 18h, salle Alan Meur, et par la Compagnie Solid’art et Ty, le dimanche (même lieu, même horaire).
Samedi soir, à partir de 20 h 30, les Brigands de toilette assureront les intermèdes dans une soirée de lecture publique de poésie.
Une petite contribution pour ce printemps des poètes, un texte du Polonais Czeslaw Milosz (1911-2004)
Un mauvais chrétien regarde le ghetto
Les abeilles font leur ruche autour du foie rouge,
Les fourmis construisent autour de l’os noir.
Cela a commencé : la déchirure, le piétinement des soies,
Cela a commencé : la brisure du verre, du bois, du cuivre, du nickel, de l’argent, de la mousse, du plâtre, plaques de fer, des cordes de violon , des trompettes , des feuilles, des boules, des cristaux.
Pouf ! Un feu phosphorescent venant des murs jaunes
Engloutit animaux et des cheveux humains.
Les abeilles font leur ruche autour du nid d’abeilles des poumons,
Les fourmis construisent autour de l’os blanc.
Tout est déchirure, papier, caoutchouc, toile, cuir, lin,
Fibres, tissus, cellulose, peau de serpent, fil de fer.
Le toit et le mur s’effondrent en flammes et la chaleur saisit les fondations.
Maintenant, il y a seulement la terre, du sable, mis à bas,
Avec un arbre sans feuilles.
Lentement, perçant un tunnel, une taupe sentinelle fait son chemin
Avec une petite lampe rouge fixée à son front.
Elle touche les corps enterrés, les compte, les pousse,
Elle reconnaît les cendres humaines par leur vapeur lumineuse,
Les cendres de chaque homme par une partie différente du spectre.
Les abeilles font leur ruche autour d’une trace rouge.
Les fourmis construisent autour de la place laissée par mon corps.
J’ai peur, si peur de la taupe sentinelle.
Elle a des paupières gonflées, comme un patriarche
Qui a siégé beaucoup dans la lumière des bougies
Lisant le grand livre de l’espèce.
Que vais-je lui dire, moi, un Juif du Nouveau Testament, attendant depuis deux mille années la seconde venue de Jésus ?
Mon corps brisé va me livrer à sa vue
Et il va me compter parmi les auxiliaires de la mort :
Les incirconcis
Publié le mardi 12 mars 2019.